Résumé
De retour à Grace Field House, Emma et ses compagnons réussissent par un incroyable tour de force à reprendre le contrôle de la ferme ! Par miracle, Maman rejoint leur camp mais un ultime ennemi se dresse face à eux, Peter Ratri. Alors que ce dernier commence à douter face à la détermination d’Emma, un bouleversement que personne n’aurait imaginé de produit !
Avis
The Promised Neverland se conclut dans ce vingtième tome. Emma et ses amis font face à Peter Ratri qui, bien qu’en fâcheuse posture, est décidé à empêcher coûte que coûte la nouvelle promesse de s’accomplir. Du côté de la Capitale, la situation de Sonju et Mujika connaît un grand bouleversement.
Voilà, c’est fini. Et tant mieux, parce que je ne crois pas que j’aurais supporté un tome de plus. D’un autre côté, il aurait été difficile de faire pire, vu que celui-ci atteint le sommet de la niaiserie. (Attention, risque de spoils sévères, parce que je n’ai pas l’intention de prendre des gants.)
Emma est plus déterminée que jamais à épargner et même tendre la main à tout le monde, y compris à Peter Ratri, qui est le responsable direct de tout leurs malheurs, et même plus encore, là où les autres, à commencer par les survivants de Goldy Pond, seraient plus enclins à lui faire la peau. Mais bon, pas grave, hein ! Entre venger Yugo et Lucas et se plier aux quatre volontés d’Emma, y a pas à hésiter. Ce ne sont plus des personnages, à ce stade, mais des paillassons.
De quel droit elle décide seule de qui doit vivre et qui doit mourir ? Pourquoi tout le monde la laisse faire ? Et surtout, je l’avais souligné dans une précédente chronique, pourquoi rien ne vient jamais lui donner tort ? La dernière petite baisse de confiance qu’on lui a vue, c’était dans le tome 13, et comme il fallait s’y attendre, chassez l’optimiste, il revient au triple galop.
Emma n’a connu AUCUNE évolution. Depuis le début, elle n’a qu’à ouvrir la bouche pour que tout le monde se range à son avis (même l’ennemi, oui, oui, et s’ils ne le font pas, ils meurent, mais pas de sa main, bien sûr, elle est trop gentille pour ça). J’en ai vu, des Mary-Sue, mais alors elle, elle remporte la palme !
D’ailleurs, je pense que Peter Ratri a dû lire les mangas et savoir qu’il n’y en avait que pour elle. Autrement, comment aurait-il pu être sûr que c’était Emma qui avait conclu la nouvelle promesse ? D’où il détient cette information ? Et comment peut-il avoir la certitude qu’en tuant Emma, ça l’annulera ? Il avait une caméra de surveillance cachée aux Sept Murs, ou quoi ?
Et après un discours empreint de réalisme sur la noirceur du genre humain, sur cet autre monde en proie à la guerre, à la famine et aux catastrophes naturelles (mais où tout ira évidemment pour le mieux quand les gosses l’atteindront)… Eh bien, il se tire une balle dans la tête. Parce que ce ne serait pas moral que les méchants ne soient pas punis, mais ça ne le serait pas non plus si les enfants devaient se salir les mains.
Même Ray, qui mettait dans le mille jusqu’à présent, trouve le moyen de manquer sa cible quand le démon à la tête du centre décide de s’offrir un dernier casse-croûte. Et d’ailleurs… Personne ne l’avait vu venir, ça ? On a les plus grands cerveaux de l’histoire de Grace Field réunis, et personne ne s’est dit qu’après la proclamation de la Capitale (j’y reviendrai), des démons allaient avoir le réflexe de se mettre un ultime humain sous la dent ?
Je suppose qu’il fallait un dernier coup de théâtre, un pseudo drame pour conclure en beauté, et surtout ne pas perdre de vue cette optique très manichéenne qui consiste à ne pas trop laisser ceux qui ont causé du tort s’en tirer à bon compte, ce qui fait que c’est Isabella qui y passe. De manière totalement stupide et inutile.
Il y avait pourtant moyen d’en tirer quelque chose de fort, si elle s’était sacrifiée à la place de Ray, par exemple, mais non, c’est pour Emma qu’elle donne sa vie. J’ai déjà dit qu’il n’y en avait QUE pour Emma ? Et que ce pauvre Ray aura définitivement été cantonné au rôle de la plante verte ?
D’ailleurs, je suis un peu étonnée qu’Isabella meurt aussi facilement. Les éventrations ne se soignent plus avec deux sparadraps et une transfusion ? Genre comme celle d’Emma ? Ou celle de Barbara ? Pas très cohérent, tout ça. (Ah oui, on me souffle dans l’oreillette que la logique et le bon sens n’ont toujours pas leur place dans cet univers.)
Et on souffle aussi dans l’oreillette de l’armée royale que Mujika est la nouvelle reine, proclamée par un Leuvis réapparu uniquement à cette fin (parce qu’Emma est tellement géniale qu’elle a provoqué son revirement, naturellement ! Emma passe, l’anthropophagie trépasse !). En moins de temps qu’il n’en faut pour dire Tifari, les soldats retournent leur veste et obéissent donc aux ordres de cette nouvelle souveraine qui était encore condamnée à mort vingt minutes plus tôt et qu’ils n’ont jamais vu de leur vie. (Quelqu’un a dit facilité scénaristique ?) C’est ainsi qu’ils s’empressent d’arrêter les démons de Grace Field qui… ne faisaient que leur boulot, en fait.
Et on en arrive à la promesse. Alors, petit mea culpa, je reprochais à Emma de n’avoir pas pensé aux mamans et aux sœurs au moment de la contracter, mais il s’avère que si. Vous allez me dire, puisque Mujika est la nouvelle reine, et qu’elle a ordonné l’abolition des fermes et la libération de tous les humains, la promesse, elle ne sert plus à rien, et la contrepartie de seigneur Truc encore moins, n’est-ce pas ? Eh bien non, mais s’en rendre compte demanderait du bon sens, et comme dit plus haut, le bon sens, il n’y en a pas, ici, donc allons-y pour la promesse.
Sérieusement ? Priver Emma de sa mémoire et de sa famille ? C’est ça que seigneur Truc a réclamé ? Et à quoi ça sert, d’abord, qu’il réclame quelque chose, puisque les promesses, personne ne les respecte ? Les démons ont continué à bouffer les humains et même à se faire des petits terrains de chasse privés, les humains viennent de manquer de les exterminer, et Emma, sa contrepartie, elle tient quoi ? Quelques mois, avant que tout le monde la retrouve ?
Pardon, avant que des fantômes indiquent à Ray où la trouver. Oui, à ce stade, on est au-delà de la facilité scénaristique, c’est carrément du « Ta gueule, faut boucler ». Ce sera son ultime minute de gloire, qui me conforte dans l’idée qu’il avait des sentiments pour Emma, idée insufflée par une allusion de Norman dans les premiers tomes. Norman, qui l’éclipsera en moins de deux, le reléguant ainsi à la friendzone en plus de son rang de plante verte.
Pêle-mêle, je pourrais aussi évoquer le fait que tout le monde s’attend à retrouver Phil alors qu’on n’avait aucune idée de ce qu’il était advenu de lui après son face à face avec Andrew (face à face dont on ne saura absolument rien, faut boucler), le (pseudo) sacrifice d’Emma qui a pourtant passé son temps à reprocher les sacrifices des autres, tous les enfants des fermes intensives dont Norman a « abrégé les souffrances » alors qu’ils peuvent finalement être (ré)éduqués (ce dont on ne le voit pas se culpabiliser outre mesure), ou encore le fait que, lâché entre deux chapitres dans un dessin esquissé à l’arrache, on apprend que c’est Smee qui a abattu William Minerva (inutile de vous demander qui que quoi comment, c’est tout ce qu’on en saura, faut boucler, je vous dis !). Et la question qui me turlupine toujours : il fait quelle taille, à la fin, le monde des démons ?! Parce que quand on voit celui des humains, on voit la Terre. Entière. C’est ça qu’ils appellent « couper en deux » ?
The Promised Neverland, ce sont Les Nombrils, mais à l’envers. Là où Les Nombrils ont commencé avec un scénario très pauvre et cliché avant de se bonifier de tome en tome jusqu’à atteindre la perfection, TPN a fait tout le contraire. L’histoire commence très haut, atteint (selon moi) son point culminant au tome 4, et ensuite, c’est la décadence. Facilités scénaristiques, monde qui perd de son intérêt et de l’effroi qu’il inspire parce que l’auteur n’a pas le cran de tuer des personnages principaux, incohérences à foison…
J’ai fini par détester ce manga autant que j’ai pu l’aimer dans un premier temps, en raison de son incapacité à tenir ses promesses (ah bah tiens, ça explique peut-être certains aspects du scénario…). Je voulais craindre pour la vie des protagonistes, les voir succomber les uns à la suite des autres, et certainement pas me coltiner une Emma qui rallie amis et ennemis à sa cause en enchaînant dans TOUS les tomes des discours qui feraient passer les Bisounours pour des créatures égoïstes et sanguinaires.
Le mot de la fin ? The Promised Neverland est sans conteste la plus monumentale déception de ma vie de lectrice. À regret.
Note : 1 / 5
Effectivement chronique salée comme promis mais argumentée et à la hauteur de ta déception que je partage.
Si encore, je n’avais pas lu presque partout que des avis dithyrambiques sur cette saga, j’aurais été peut-être moins sévère. Mais ça m’agace qu’on porte aux nues ce titre terriblement mal écrit alors que d’autres restent dans l’ombre.
Heureusement pour nous, c’est enfin terminé 😅
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Personnellement, c’est surtout la différence de niveau entre le début et la fin qui fait que je me suis montrée aussi… eh bien, salée x) Les premiers tomes auraient été moins bons, moins prometteurs, j’aurais juste considéré TPN comme un shonen banal, qui se lit sans prise de tête, mais là, effectivement, la note finale est le reflet de ma déception.
Je préfère largement une saga que je vais noter 3.5 tout du long qu’une saga qui va commencer à 4-4.5 pour ensuite baisser de tome en tome. D’où l’inévitable comparaison avec Les Nombrils, qui sont l’incarnation même de la tendance inverse.
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Et je te comprends parfaitement car forcément alors nos attentes sont grandes et la chute rude !
Comme toi, des séries que je trouve moyennes de bout en bout commencer Shaman King me laissent ainsi un meilleur souvenir ^^
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