Frère Wulf T.1 : L’enlèvement de l’Épouvanteur – Joseph Delanay

Résumé

« Tu as pu constater à quel point il est dangereux de m’accompagner, et il te manque certaines compétences pour rester dans une relative sécurité face à l’obscur. Par chance, tu possèdes l’essentiel de ce qu’il faut à un apprenti épouvanteur. À l’époque où je cherchais un secrétaire, le prieur m’a assuré que c’était inscrit dans les archives du monastère : tu es le septième fils d’un septième fils. » Frère Wulf, un jeune moine, doit espionner Johnson, un épouvanteur aux pratiques douteuses. Se faisant passer pour un scribe, Frère Wulf étudie le quotidien de son nouveau maître. Mais un jour, Johnson disparaît. Très inquiet, Wulf décide de chercher de l’aide. C’est donc au milieu de la nuit qu’il frappe à la porte d’une étrange maison, dont le propriétaire n’est autre que Tom Ward. Ensemble, les deux hommes partent affronter une puissante créature de l’obscur… Mais le chemin est long, et les dangers, nombreux. Attention ! Histoire à ne pas lire la nuit.

Avis

L’enlèvement de l’Épouvanteur est le premier tome du spin-off de la célèbre saga de Joseph Delanay. Frère Wulf met en scène un personnage éponyme, un jeune moine de quatorze ans qui se retrouve au service de William Johnson en tant que secrétaire. Lorsque celui-ci tombe entre les griffes d’une sorcière, le garçon se précipite à Chipenden pour y solliciter l’aide de Tom Ward.

Merci beaucoup à Babelio et aux éditions Bayard pour l’envoi de ce livre. Même si mon rapport avec les œuvres de Joseph Delanay est en dents de scie depuis quelque temps, je reste fidèle à cet auteur et ne manque jamais l’une de ses parutions. Néanmoins, chroniquer ce livre s’annonce assez… délicat.

Je pense qu’il faut faire la distinction entre le tome en tant que tome, et le tome à l’échelle de la saga. Dans le premier cas, je dirais que c’est une lecture correcte, même assez bonne. Elle introduit de nouveaux personnages, un nouvel antagoniste, une nouvelle intrigue… Bref, elle fait son travail et insuffle un nouveau tournant à l’œuvre.

Mais. Le problème, c’est que je reste sur la succession de déceptions que m’a causé L’Épouvanteur, et surtout sur la grosse désillusion infligée par la conclusion de l’arc Kobalos. En fait, Joseph Delanay a tendance à promettre monts et merveilles à travers certaines histoires… pour au final nous laisser choir au bas d’une colline.

Est-ce que ce roman est mauvais ? Non. Est-ce que c’était pour autant ce que je souhaitais en tant que lectrice ? Non plus. Étant donné le traitement et surtout la conclusion qu’a connu Jenny, j’ai tout sauf envie de suivre encore un apprenti Épouvanteur alors que l’auteur ne savait visiblement pas quoi faire de la précédente.

Je voudrais Sliter, je voudrais Thorne, je voudrais Mab, je voudrais même Pan, ce dieu qui m’intrigue à chacune de ses apparitions… Bref, plus de tous ces personnages qui ont tellement de potentiel, mais qui ont été négligés, en particulier le premier cité. Ou alors, que l’auteur assume ce qui crève les yeux depuis quelques tomes : qu’il ne parvient plus à écrire un protagoniste intéressant qui ne serait pas Grimalkin.

Même dans ce roman, elle n’apparaît que deux pages, et pourtant, c’est elle qui sauve (encore) la situation et se révèle plus compétente que tous les autres réunis. En deux pages ! Exactement comme dans L’héritage de l’Épouvanteur, je me suis demandé à quoi servaient Alice et surtout Tom.

Tom, qui a survécu aux situations les plus désespérées. Tom, qui a bravé et réchappé à d’immenses dangers. Tom, le meilleur apprenti de John Gregory et le fils de la Lamia originelle… Ce n’est pas possible, il a été cloné et remplacé par une copie médiocre entre le premier et le deuxième arc ?

Comment a-t-il pu tomber si facilement aux mains de la sorcière avec les talents qu’il possède ? Pourquoi ne s’est-il pas échappé ? J’aurais encore pu le comprendre s’il était resté envoûté et donc endormi tout au long de sa captivité, mais Johnson nous apprend qu’ils ont beaucoup discuté d’Alice pendant leur emprisonnement. Pourquoi n’a-t-il pas utilisé sa clé passe-partout ou sa nouvelle faculté ?

Certes, on nous donne l’excuse du « pour le moment, elle ne fonctionne que lorsque je suis vraiment en danger », mais bon… Personnellement, je ne suis pas certaine qu’être aux mains d’une sorcière dont on ne connaît pas les intentions et de ses mangeurs de cerveaux familiers soit la situation la plus sûre et la plus réconfortante qui soit…

En ce qui concerne sa relation avec Alice… Je n’accroche pas. Pas du tout. Même si j’ai pu constater que les prophéties étaient surtout là pour faire joli, dans cette saga, on a quand même eu droit à « Elle t’aimera, elle te trahira, puis elle mourra pour toi. », ce qui laissait entrevoir tout sauf… ça. Je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler, mais vraiment… vraiment, je n’adhère pas.

Ensuite, les nouveaux personnages… Pareil, je n’adhère pas non plus. J’ai trouvé frère Wulf assez creux, il m’a donné tout du long l’impression d’être spectateur bien plus qu’acteur de sa propre histoire. Quant à Johnson, son comportement est si ambivalent qu’il en paraît presque incohérent. D’une scène à l’autre, il passe de l’alcoolique incompétent au redoutable Épouvanteur aguerri. D’un individu vaniteux qui se targue d’être un expert en sorcières mais qui emprisonne des femmes à la culpabilité relative plus vite que son ombre à un homme capable de courage et d’empathie. C’en est à se demander, dans certains passages, si on nous décrit bien la même personne…

Malgré ces (nombreux) points négatifs, il y a tout de même du bon à relever. Déjà, ce tome ravive la nostalgie du début de la saga, avec un jeune garçon qui découvre l’univers des Épouvanteurs, et surtout, il met en avant un autre aspect de l’œuvre qui avait déjà été vaguement exploré par le passé : l’Église.

Le ton est donné, celui d’une guerre que les ennemis de l’Obscur sont sur le point de livrer non pas contre leur adversaires communs, mais entre eux, et j’ai vraiment hâte de voir ce que cela va donner, parce que l’idée en elle-même est très intéressante. La seule ombre au tableau, c’est que j’ai perdu toute confiance en l’auteur, et je redoute qu’il passe une fois de plus à côté d’un thème aussi prometteur…

J’ai beaucoup hésité quant à la note que j’allais mettre à ce livre. Ou plutôt, disons que j’en ai deux en tête, comme évoqué au début de cette chronique : une à l’échelle de la saga et une pour le tome en lui-même. J’ai finalement opté pour la première (c’est ma frustration de fan de la première heure qui s’exprime), mais sachez que, dans le second cas, elle aurait été un peu plus élevée. Encore merci à Babelio et aux éditions Bayard pour cet envoi !

Note : 3 / 5

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