Les cèdres de Beau-Jardin – Belva Plain

Résumé

Enfants d’un marchand bavarois venu faire fortune à La Nouvelle-Orléans, Miriam et David ont été élevés au sein de la meilleure société. Devenu jeune homme, David part pour le Nord étudier la médecine, contre l’avis de son père, tandis que Miriam épouse, à seize ans à peine, le riche planteur Eugene Mendes. Mais le luxe de leur propriété de Beau-Jardin dissimule une réalité plus sombre : mari distant et irascible, Eugene délaisse Miriam qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans le désespoir, puis croit trouver le bonheur dans les bras d’un amant sudiste. Or, la révolte gronde et les dissensions entre États du Nord et du Sud s’accentuent. David, le frère adoré de Miriam, qui n’a jamais toléré l’esclavage, prend naturellement fait et cause pour Abraham Lincoln. La guerre de Sécession éclate en 1861, mettant à jour les contradictions de Miriam… Osera-t-elle en fin suivre son cœur pour prendre en main son existence ?

Avis

Miriam n’est encore qu’une enfant lorsque son père les emmène en Amérique, son frère et elle. Tandis que David, l’aîné, réalise qu’il ne pourra jamais accepter de vivre dans un monde où règne l’esclavage, elle-même endosse le rôle que la société attend d’elle et s’enferme dans un mariage qui la conduit jusqu’aux Cèdres de Beau-Jardin.

Un seul coup d’œil sur la quatrième de couverture m’a convaincue d’acheter ce livre. Vieux Sud, guerre de Sécession, il ne m’en fallait pas plus. Évidemment, on est loin d’un Autant en emporte le vent, mais alors, qu’est-ce que ça vaut ?

Eh bien… Il y a du bon, et du beaucoup moins bon. Je mettrai au crédit de ce roman la confession juive de ses protagonistes, qui apporte une touche d’originalité bienvenue à la sempiternelle opposition Union / Confédération, esclavagistes / abolitionnistes.

C’est surtout David qui porte sa religion comme un étendard. Dévot, fidèle aux principes et aux traditions, il ne s’explique pas comment ses semblables, issus de ce peuple de tous temps persécuté, peuvent cautionner, et même participer à l’exploitation d’autres êtres humains.

Les personnages ont pour eux de ne pas être manichéens. On peut ne pas les aimer, mais on ne peut pas foncièrement les détester. En tout cas, je n’ai pas plus apprécié Miriam et David que je n’ai méprisé Eugène ou Eulalie.

Il en va de même pour les différents camps. Le Sud n’est pas le mal incarné, et le Nord est loin d’avoir les mains propres. Les Blancs ne sont pas tous de vils propriétaires d’esclaves impitoyables, et les Noirs, de pauvres et innocentes victimes en quête de liberté.

Là où ça pèche, c’est… à tous les autres niveaux, je le crains. La narration est souvent confuse, car ponctuée d’ellipses, d’évènements relatés a posteriori, de digressions, de dialogues artificiels, de « Bah » à n’en plus pouvoir, de redondances…

Et malgré leur caractère nuancé, les protagonistes sont très stéréotypés et n’existent presque qu’à travers leurs idées. David et ses grands discours sur la justice et l’égalité ; Miriam et ses réflexions sur la condition féminine ; le changement et l’adaptation du judaïsme, la question de l’esclavage, l’économie, l’honneur…

Il y a parmi tout ça quelques bonnes idées, qui ne réussissent hélas pas à briller. Je pense notamment à Miriam, mariée sans comprendre ce qui lui arrive, sans trop s’interroger, simplement parce qu’on l’a persuadée que c’était là ce qu’il convenait de faire. Elle semble par la suite déterminée à s’affranchir des carcans sociaux… sauf que non, elle commet juste une erreur similaire en se jetant dans les bras d’un homme qu’elle n’aimera pas davantage.

En fait, l’auteur a un sérieux problème avec l’évolution de ses personnages. À aucun moment elle ne la dépeint, elle se contente, dans le meilleur des cas, de l’évoquer, et le reste du temps, il résulte de ce traitement maladroit un sentiment de stagnation.

Quand Miriam décide de reprendre les affaires de son mari en main, par exemple, il faut attendre le chapitre suivant pour apprendre que, depuis des mois, elle accomplit plutôt bien cette tâche, et c’est à peu près tout ce que l’on en saura. Ce défaut atteint son paroxysme à la fin, lorsqu’elle ouvre en quatre paragraphes les yeux sur une liaison qui sonne plus que faux à ceux du lecteur depuis la moitié de l’ouvrage, avant de retourner brusquement sa veste pour aller chercher consolation là où on devinait dès le début qu’elle irait la puiser.

La plupart des rebondissements sont posés, lâchés, mais certainement pas amenés. Il n’y a pas de fluidité, on saute du coq à l’âne, et on s’appesantit sur des détails, des descriptions surperflues, au lieu de donner du corps et de la profondeur à ce qui en nécessiterait vraiment. Ce n’est pas tant un roman que j’ai eu l’impression de lire que les grandes lignes d’un récit, à cause de la manie de l’auteur de passer de A à Z en négligeant systématiquement le reste de l’alphabet.

Et le pire, là-dedans, c’est bien Beau-Jardin et ses fameux cèdres. Ne vous attendez pas à un domaine de l’importance de Tara (en terme de présence). Il existe, c’est tout, et la seule chose qu’on en retiendra, c’est que Miriam ne l’aimait pas. Enfin, ce n’est pas comme si le livre était nommé en son honneur…

Vous pouvez vous laisser tenter par cette histoire si le cœur vous en dit, elle n’est pas à jeter, elle a même quelques qualités, mais je n’ai pas été convaincue par la façon dont Belva Plain a choisi de la raconter. Il y a trop de superficiel, pas assez d’essentiel. Dommage.

Note : 3 / 5

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