La liste de Schindler – Thomas Keneally

Résumé

Cracovie 1943, Oskar Schindler, industriel allemand, est venu en Pologne sur les pas de l’armée nazie et a vite fait de prospérer grâce à ses amis S.S., en fabriquant de la vaisselle émaillée. Il sort chaque soir, croix gammée au revers du smoking, pour ripailler le plus souvent chez Amon Goeth, commandant du camp de travaux forcés de Plaszow, près de Cracovie. Buveur, sadique, amateur de poules de luxe, Goeth lui fournit, contre cadeaux, la main-d’œuvre de ses ateliers, juive, bon marché. Mais ce qui est bon marché, en 1943, c’est la vie des juifs. En les gardant à travailler chez lui, Schindler les sauve de l’extermination. Car Auschwitz-Birkenau est tout près. Au cœur de l’enfer concentrationnaire. Une « liste » de juifs échappe ainsi à la mort. Ils témoigneront après la guerre. Aujourd’hui, un arbre à Jérusalem se nomme O. Schindler.

Avis

Qui n’a jamais entendu parler de La liste de Schindler ? Cette liste grâce à laquelle un riche industriel allemand a pu sauver plus d’un milliers de Juifs d’un sort funeste, et dont Thomas Keneally retrace l’histoire dans le présent ouvrage ?

Un ouvrage qu’il présente dans le prologue comme un roman, mais sauf son respect, ce n’est pas ainsi que je l’aurais qualifié. Une biographie romancée ou un assemblage de témoignages scénarisé, à la limite, mais un roman… Non, pas vraiment. Pas avec cette structure.

Oui, il y a des dialogues, et oui, il y a de la narration, mais aussi des immixtions fréquentes de l’auteur qui y va de son avis, de son commentaire, de son interprétation…, ainsi qu’une chronologie parfois un peu aléatoire, qui amène des informations et des détails à se répéter.

Et les informations et les détails, ce n’est pas ce qui manque, dans ce livre. J’ai beau bien connaître le film, et assez bien le contexte historique, j’ai mis un temps fou à entrer dedans, à me frayer un chemin parmi tous ces noms, ces titres, ces précisions… Je lisais une dizaine de pages, puis je le reposais, le temps de les digérer.

Petit à petit, j’ai fini par accrocher. En revanche, jusqu’au bout, j’ai eu du mal avec le parti pris de l’écrivain. Oh, je ne remets pas en question la véracité des évènements et des propos qu’il a compilés, pas plus que l’importance de ce qu’a accompli Oskar Schindler ; néanmoins, j’ai eu l’impression que Thomas Keneally lui-même s’était laissé envoûter par l’homme charismatique qu’il dépeint.

Je m’explique : j’ai toujours entendu dire que Schindler était quelqu’un de « moralement gris », une nuance plutôt bien mise en scène dans le film, mais beaucoup moins ici. Qu’a-t-on à lui reprocher ? Son comportement avec sa femme ? Ses liaisons qu’il ne cherchait pas à dissimuler ? À part celle avec la brutale SS, il n’y a guère là de quoi s’insurger, surtout au siècle dernier où il ne devait pas être le seul à agir ainsi.

Voilà pourtant sensiblement l’unique défaut que l’auteur lui prête. Tout au long du texte, je n’ai pas pu me détacher de l’image fictive que j’avais de lui se tenant aux côtés de Herr Schindler et lui assénant de grandes tapes dans le dos en mode : « Ah, ah, sacré Oskar ! Toujours entouré de belles femmes ! Tiens, sers-nous un cognac pendant que tu me racontes ta dernière conquête. Ah, ah, quel bon vivant ! »

Dans l’adaptation cinématographique, on voit un Schindler plus égoïste, plus récalcitrant, et dont les bonnes actions trouvent en grande partie leur source dans l’influence de son entourage, notamment de Stern. Stern qui, derrière la caméra de Spielberg, regroupe un peu tous les Juifs à avoir joué un rôle majeur auprès de « Herr Direktor ».

Cette différence-là est à mettre au crédit du livre. Même s’il s’est parfois révélé très lourd en raison de sa densité, il n’en est également que plus complet. Malgré mes réserves vis-à-vis de la plume de Thomas Keneally, ou plus exactement vis-à-vis de la façon dont il a choisi d’écrire ce récit, je ne peux qu’admettre qu’il s’agissait d’une lecture intéressante.

C’est une histoire, une Histoire qui mérite d’être connue, mais si la perspective de vous plonger dans les quelques cinq cents pages de cet ouvrage vous retient, vous pouvez tout aussi bien vous contenter du film ou, pourquoi pas, mener des recherches personnelles afin de vous faire votre propre idée de qui était Oskar Schindler.

Note : 3.5 / 5

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