Résumé
Londres, 2045. La société est divisée en deux clans. Les Bâtards, réduits à l’état d’esclaves, n’ont aucune valeur. Les Purs forment l’élite qui a accès à tous les privilèges. Le Cirque de l’horreur est leur divertissement préféré. Ils attendent avec délectation l’accident mortel qui leur procurera le grand frisson. Ben, fils de ministre, assiste à sa première représentation et tombe sous le charme d’Hoshiko, la funambule star du spectacle. Mais derrière l’éblouissement et le faste de l’arène, il découvre l’horreur. Trouvera-t-il le courage de résister pour mettre fin au carnage ?
Avis
Show Stopper est un roman dystopique qui se déroule en Angleterre en 2045. Les Anglais « pure souche » sont devenus les Purs, tandis que tous les autres ont été réduits au rang de Bâtards, et mis en marge de la société. Alors que le cirque, dans lequel bon nombre de ces derniers risquent fréquemment leur vie, arrive à Londres, Ben, un jeune Pur, commence à s’interroger sur le bien-fondé de ce système.
Tout d’abord, merci à Babelio et aux éditions Bayard Jeunesse pour cet envoi. Ce roman a été une découverte intéressante, même si je suis partagée sur son contenu. Plusieurs points m’ont dérangée, à commencer par un manichéisme marqué.
C’est très problématique, car cela tend à insuffler à ce livre le contraire du message qu’il cherche à faire passer. En effet, il est question de ne pas juger autrui en fonction de ses origines, ses croyances, sa couleur de peau… Or, tout le roman ou presque (les derniers chapitres laissent espérer un soupçon de nuance pour la suite) repose sur l’amalgame Purs = méchants/mauvais/ignobles et Bâtards = gentils/victimes/solidaires.
Alors bien sûr, d’un côté, on a Ben qui va progressivement ouvrir les yeux sur la société dans laquelle il évolue, et de l’autre Silvio, le Bâtard qui cherche à s’élever au rang des Purs, et qui, de ce fait, se comporte aussi inhumainement qu’eux, mais ce n’est pas assez pour amoindrir cet aspect tout noir ou tout blanc.
De même, j’ai été gênée par la brutale prise de conscience de Ben. Depuis des années, il côtoie Priya, une Bâtarde qui travaille dans sa demeure, et il l’apprécie beaucoup, pourtant à aucun moment cela ne le pousse à s’interroger. En revanche, trois jours lui suffisent pour bouleverser totalement sa façon d’être et de penser à compter de sa première visite au cirque.
Cette rapidité se ressent aussi dans la relation entre Ben et Hoshiko. Elle est beaucoup trop soudaine, et de ce fait difficilement crédible. Les personnages se connaissent à peine, ils sont dans des factions opposées, pourtant il en faut finalement peu pour qu’ils tombent dans les bras l’un de l’autre. M’est avis que leur relation aurait gagné en profondeur si elle avait eu le temps de mieux s’installer.
L’univers aurait également mérité d’être plus creusé. Apparemment, les Bâtards vivent ainsi depuis près d’un siècle, soit depuis 1945, ce qui nous amène à la fin de la guerre. Pourquoi ? Comment ? Il y aura peut-être des explications par la suite, mais elles n’auraient pas été superflues dans ce premier tome.
Enfin, de nombreux autres petits détails m’ont gênée : Greta qui passe d’une fillette timide et facilement apeurée à une enfant débrouillarde, pragmatique, pleine de bon sens et d’initiative ; Hoshiko, qui est l’un des fers de lance du cirque, mais qui n’est pourtant pas mise dans la confidence de ce qui s’y passe ; comment Amina, présentée comme intelligente, maligne, toujours prompte à trouver des solutions, en arrive-t-elle là où elle en est à la fin (et où sont ses alliés) ?…
Bien que cette lecture n’ait pas été désagréable, j’ai relevé beaucoup trop de points noirs pour pouvoir l’apprécier véritablement. Néanmoins, si je devais lui concéder un aspect positif, je dirais que le traitement du monde du cirque est plutôt bien réussi. À bien des égards, cela m’a rappelé De l’eau pour les éléphants, un film que j’adore.
Je lirai probablement la suite, car je pense qu’elle peut être plus intéressante pour les raisons que j’ai évoquées ci-dessus, et je remercie encore une fois Babelio et Bayard Jeunesse pour ce roman.
Note : 3 / 5
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